"On dit que la naissance vous fait oublier les temps antérieurs; on dit que mettre au jour, c'est mettre à jour, comme un carnet qu'on fait débuter à blanc en lui arrachant des pages." André Pieyre de Mandiargues
J'ai longtemps douté de moi et de mes capacités à devenir maman. En parlant avec une thérapeute je me suis rendue compte que si je me posais ces questions là, c'est que j'étais peut être déjà sur le bon chemin. Une personne qui ne se remet jamais en question ne peut ni grandir, ni évoluer. Le passé ne doit jamais être une excuse pour devenir la personne que l'on souhaite. Alors je suis d'accord sur le fait que je n'avais pas vraiment les bases mais je sais que je deviendrai maman le jour où j'aurai ce petit être dans mes bras. Je savais d'avance que l'amour que je porterai à cette enfant, vaudra plus que ma propre personne. Décider d'avoir un enfant , c'est accepter que votre cœur se sépare de votre corps et marche à vos cotés pour toujours. K.Hadley.
Voilà douze mois que j’ai arrêté la pilule et c’est début juillet 2018 que j’ai appris que j’étais enceinte pour la première fois. Un test, deux tests. Une prise de sang. Enceinte de trois semaines. Quatre semaines… Puis je l’annonce à Maxime. Je prépare un petit cadeau toute excitée de partager la belle nouvelle « Seras-tu prendre soin de moi ? Seras-tu prendre soin de nous ? » Un doudou, des chaussons et c’est à ce moment-là qu’il a compris que je n’allais pas le demander en mariage. J’ai pleuré, il m’a pris dans ses bras. J’étais enceinte de lui et ce fut l’un de nos plus beaux moments. J’ai eu rendez-vous chez le médecin et il me dit que le terme sera le 15 mars 2019. Bizarrement, j'ai du mal à réaliser et j'ai ce mal de ventre qui me dérange. Je suppose que c'est le début, que c'est normal. Le médecin me prescrit une ordonnance pour faire une échographie de datation. J'étais pressée. J'avais besoin qu'on me dise que tout allait bien. A cette période là j'étais pâtissière dans une grande surface. Je me levais très très tôt et je bossais 6 jours sur 7. Autant vous dire que ces premières semaines de grossesse étaient fatigantes, entre les nausées et ces douleurs abdominales. Une de mes collègues de boulot voit que j'ai pas vraiment la forme, je lui annonce donc ma grossesse. Elle me dit que le jour de la datation j'entendrai surement le petit cœur du bébé et je serai enfin rassurée.
31 Juillet 2018, échographie de datation. Je demande à ma maman de m’accompagner. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je vais avoir besoin d’elle. Je perdais un peu de sang la matin et j'avais toujours ces maux de ventre. C'est donc dans un état dubitatif que je vais à cette échographie. « Je vous annonce que vous êtes bien enceinte, votre bébé est bien positionné dans sa poche. Ce n’est pas un œuf clair. Tout va très bien, il y a un mouvement cardiaque. Il mesure 7mm. » J'écoute sans entendre. Un peu déçue je lui demande pourquoi on n'entend pas le cœur ? Il me dit que le bébé a que six semaines, qu'il faudra revenir dans 15 jours car c'est trop tôt. Mon sang ne fait qu'un tour. « Six semaines ? Mais c’est impossible ! » Je peux me tromper de quelques jours, mais pas de trois semaines. Il avait 9 semaines ! J’en étais sure ! Ayant des cycles irréguliers je notais absolument tout. J'étais butée sur le fait qu'il se trompait complètement ! L'échographe, lui, est confiant. Il me fait un rapport. Il me rassure que tout va bien et me programme un prochain rendez-vous. Ma mère me dit que j'ai pu me tromper dans les dates, que les calculs ne sont pas exacts. Je pleurs, j'essais de positiver sans y croire vraiment. Est-ce que le corps est relié au cerveau ? Oui. Mon cerveau a compris avant moi que le bébé n’avait pas grandi. Des contractions, une grosse hémorragie et me voilà en route vers l'Hôpital. Rien ne va plus. Je pleurs de douleurs, les contractions sont violentes, je perds énormément de sang. La secrétaire des urgences me demande ce que j'ai, j'ai si mal qu'elle appelle une gynécologue sans attendre. Elle m'examine et m'annonce que je suis entrain de faire une fausse couche. Elle me donne trois solutions : soit je rentre chez moi et j'attends que la fausse couche se fasse naturellement, soit elle me donne un médicament, soit elle me fait une interruption de grossesse médicalisée par aspiration. Je refuse de rentrer chez moi et en même temps je suis incapable de prendre une décision. Mon regard est vide, ma mère parle pour moi. Commençons par les médicaments et on verra ce qu'il se passe. La gynécologue analyse mon état et demande à m'hospitaliser pour la nuit. Je me souviens de chaque perfusion, de chaque douleur, de chaque contraction, de chaque larme. Je me souviens de tout en détail et surtout de cette peur, de cette grande peur de le perdre naturellement. Les aides soignantes me donnent une bouillotte, des Spasfons et je tente de me reposer. Ma mère prévient mon père, mes frères et mon chéri qui est en déplacement et qui ne se doute encore de rien. Ils ont appris la grossesse et la finalité au même instant. Je reçois en quelques minutes un élan d'amour. Une amie qui travaille à l'hôpital vient me voir, elle me prend par la main et tente d'absorber ma douleur. Son regard parle à sa place et sans le savoir elle me réconforte. Peu de personnes savent, mais ils ont réussi à combler ce vide qui était entrain de se créer en moi. J'attends toute la nuit et rien ne fait effet. On me refait une échographie, le fœtus est bien accroché, il ne bougera pas. J’ai donc attendu. Une nuit, deux jours et enfin la libération. Une aspiration, ma seule solution. Bien évidemment, on ne parle que de libération physique. Ma mère demande à la gynécologue un arrêt maladie, qui ne semble pas évident...On me donne à peine 4 jours qui seront en plus payés avec une carence. -La législation a changé seulement en 2023- Pendant des mois j'ai vécu avec ce secret sans jamais le partager. Une brèche par ci, une brèche par là. Certains ont compris, d'autres toujours pas. J'apprends quelques jours après les grossesses de deux cousines. Il m'était difficile d'être complètement heureuse pour elles et en même temps c'est ce qu'il m'a aidé à avancer. Je me suis dit que ce n'était pas un hasard, et que le bon moment viendrait plus tard. Il ne faut jamais rejeter le bonheur, même quand on est triste, même quand il est chez les autres. C'est grâce à lui que nous tenons debout dans les jours gris. La jalousie, la colère ne font que nourrir le mal-être. Alors j'ai décidé de vivre ces grossesses avec elles. Les deux bébés sont arrivés le même jour par le plus grand des hasards, ce fût un moment vraiment magique. On dit que le bonheur attire le bonheur. Alors je m'enivre de ces instants là.
Septembre 2018 je pète un câble. Je mets fin à mon CDD, je m'inscris au sport, je me coupe les cheveux et on part en Crète. J'en profite pour faire du tri dans mon entourage et m'éloigner des personnes qui me font du mal. Je veux changer. Je veux tout changer. Ça fait plus de quatre ans que j’enchaîne les contrats dans différents commerces, j’aime le contact mais je n’aime pas les cons. Je dois trouver un emploi qui me plaît. Des horaires pas trop chiants qui s’allient avec une future vie de famille. Ma vie prend un nouveau chemin. J’ai trouvé ma formation, Pole Emploi accepte de me financer. 10 Décembre 2018 je suis de nouveau sur "les bancs" de l’école. Un métier qui allie mes expériences mais aussi mes objectifs. Six mois qui permettront de valider un nouveau diplôme dans les ressources humaines. En parallèle Maxime et moi devons faire des tas d’analyses. Comprendre la fausse couche et comprendre pourquoi je n’arrive toujours pas à retomber enceinte des mois plus tard. Echographie, IRM, une hystérosalpingographie, spermogramme, prises de sang… L'année 2019 est remplie d'angoisses mais je garde la face. Je ne veux stresser personne alors je minimise pendant que je me ronge les ongles à sang. Régulièrement on nous fait des remarques "alors c'est pour quand le bébé ?" Sans savoir que ça fait presque deux années que tu galères, sans parler de la fausse couche que tu as toujours du mal à accepter. Quand les gens te posent cette question, ils n'imaginent pas une seule seconde qu'ils te plantent un énième couteau dans le cœur. Il y a des manières d'aborder le sujet, on peut tout entendre, on peut tout dire mais avec un minimum de tact et de délicatesse.
Nous sommes en juin 2019. J’ai validé ma formation RH et j’ai trouvé un emploi à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie en tant que technicienne de prestations espèces. Ce nouveau travail me plaît, ma chef me porte et me valorise, mes collègues m’acceptent les bras ouverts, l’ambiance change de manière positive, je suis heureuse. Le responsable des ressources humaines m’avait confirmé qu’à la fin du CDD je ne serai pas renouvelée. C’est pourtant en septembre lorsque ma chef m’annonce qu’elle veut me garder en CDI, que j’apprends que je suis enceinte. Je lui dis, elle aime ma transparence, mon travail et , elle me garde. J’ai cru pendant longtemps que je n’avais pas de chance. Puis j'ai finit par comprendre que je devais pousser le destin car la vie n’était pas simple. La roue commence a tourné, je me sens mieux.
Ma grossesse se passe, un peu malade mais sans difficultés. Le terme sera le 4 mai. J'attends 4 mois avant de l'annoncer à tout le monde. J'étais inquiète mais j'étais sereine. Je ne sais pas comment je pourrais expliquer cette période. J'ai détesté être enceinte et en même temps chaque moment était magique. Je voulais une fille tout en étant persuadé que je portais la vie d'un petit garçon. Le 11 novembre 2019, un séisme nous force à aller travailler sur Privas (1h de route). J'y vais mais les contractions se font plus fortes. En rentrant du travail, un soir, je vais à l'hôpital faire une vérification. C'est à ce moment là, que le gynécologue gaffe en nous disant que j'attends un garçon. Il est pas sur à 100% car le bébé bouge énormément mais, il me l'annonce comme ça. Maxime attend a côté, je le sens énerver. On est un peu déçu de l'avoir appris de manière si maladroite, et en même temps je suis heureuse de pouvoir commencer à imaginer ce bébé. On attendra tout de même l'échographie du 2eme trimestre pour annoncer le sexe à nos familles, soit le jour de Noël. Quelques semaines après j'enchaîne avec un petit accident de voiture qui nous coutera 2000€ et un énième contrôle de grossesse. S'en suit, une formation de quelques jours basée sur Lyon. Je ne me rendais pas vraiment compte de toute l'énergie que je dépensais. Je ne m'arrêtais pas. J'avançais sans réfléchir. J'avais la forme, je mangeais pour deux, tout allait bien. Lors d'un contrôle, ma sage femme me dit que le bébé est très bas et que je vais devoir éviter de conduire. En ce temps là on ne faisait pas de télétravail, et donc, je n'ai pas eu d'autres choix que de m'arrêter à 7 mois et demi de grossesse.
Mars 2020... COVID Bonjour! Je mange, je dors, je mange et je mange ! Une fin de grossesse farniente et remplie de kilos en trop ! Je ne peux plus aller à aucun rendez-vous, ma fin de suivi se fait uniquement par téléphone. Je ne sais pas quand sera le bon moment, mais je m'y prépare ! On fait des Visios, on se prend des fous rires en famille, entre amis et... c'est dans la nuit du 17 au 18 avril que je perds les eaux et donc, direction l'hôpital. J’ai peur, j’ai très peur car les restrictions sanitaires indiquent que je serai seule à la maternité. Maxime ne pourra pas rester plus de 2h après l'accouchement. Je garde la face, comme d'habitude je prends sur moi sans me plaindre. Mes proches tentent au mieux de me rassurer, je reste positive. Je me prépare à cette séparation et sans avoir le choix, je sais que tout ira bien. Finalement arrivés vers 7h30 c'est à 23h43 que Julian décidera de pointer le bout de son nez, pour mon plus grand bonheur. Le 18 avril 2020, jour du Saint Parfait. Une journée longue, une journée épuisante et pourtant quand j'ai vu son visage l'adrénaline a pris sa place. Je suis remontée en chambre seule avec mon fils vers 3h du matin, j'ai fait un malaise. Tellement épuisée je me suis endormie près de mon fils, sans un mot. Nous avons appris à nous découvrir sans personne durant 48h. J'ai tenté un allaitement qui m'a fait perdre la dernière énergie qu'il me restait. J'ai donc découvert la signification du baby blues. Je me suis sentie complètement perdue. Je n'arrivais pas à savoir si j'étais heureuse ou pas. Je pleurais énormément, je l'observais pendant des heures en me posant un tas de questions ridicules. J'étais épuisée et je me sentais terriblement seule. Quand on est rentré à la maison, je languissais qu'une chose c'était de tout expliquer à Max pour qu'il prenne le relais. J'étais partagée entre le fait d'être une mauvaise mère incapable d'allaiter son fils, et une femme perdue dans un nouveau corps complètement inconnu. Je me sentais ni maman, ni femme, ni rien. Le baby blues a duré environ 1 mois. J'ai arrêté l'allaitement, j'ai arrêté de me plaindre et quand le confinement s'est terminé nous avons commencé à retrouver une vie plus paisible. On avait de la chance d'avoir un bébé calme qui dormait énormément. J'avais de la chance de pouvoir compter sur mon chéri qui n'hésitait par à partir en poussette à 6h du matin pour me laisser me reposer. Il m'a d'ailleurs offert un week-end entre filles avec SPA et massage quelques mois plus tard, et j'ai compris une nouvelle fois pourquoi je l'avais choisi lui. On a tendance à s'attarder sur les défauts de l'autre, quand la communication est nouée. Mais quand on prend le temps de s'éloigner un peu, on réalise la chance qu'on a. Il ne faut pas attendre que les flammes s'éteignent quand il y a de l'amour.
Porter un enfant c'est magique. Accepter le changement c'est plus difficile. On se rassure en se disant que ce sont des kilos d'amour, des cicatrices de bonheur, des vergetures de la vie. Soyons honnêtes, c'est dur. La société n'aide pas les femmes à se sentir alaise dans leur corps. On instrumentalise un physique, qu'on nous empêche d'aimer. On nous demande d'être au top de notre forme au réveil, au travail, avec les enfants, à la maison, aux sorties, aux soirées, sans se plaindre, sans pleurer. On nous conditionne en nous disant que c'est comme ça. Nos grands mères ont vécu la guerre, nos mères ont eu des enfances compliquées. On nous oblige, inconsciemment à rester fortes en toutes circonstances. L'envers du décor, c'est l'ensemble de toutes ces choses qui ne se sont pas dites mais que toutes les femmes ont vécu. Parce que oui, toutes les femmes en ce monde ont traversé des moments de doutes, de colères, de galères et oui, je le dis, oui c'est normal ! Avoir un bébé chamboule notre monde tout entier. Il n'y aucune honte à demander de l'aide, à demander à souffler tout simplement ! Etre une femme en bonne santé, c'est être une maman au top pour son bébé, pour son couple et pour son entourage.
Je me suis parfois surprise à dire à mon fils "non ne fais pas ça" en regardant autour de moi, puis un "si fais le, on s'en fou" en réalisant qu'il devait profiter de sa vie ! L'innocence d'un enfant nous rappelle à quel point vivre est primordiale. Le bonheur est contagieux, alors "viens on s'en fou on ne regarde plus ce qu'il se passe autour et on fait ce qu'il nous rend heureux !"
Être une maman nous procure des petits plaisirs et des bonheurs simples, inimaginables avant d’avoir des enfants. C’est si bon d’être une maman en parcourant cette vague d’amour. Dans les moments où on se dit qu’on a fait le bon choix, des souvenirs qui nous réchauffent le cœur en moment de doute, des joies qui remplacent toutes les promotions alléchantes des patrons, des fous rires qui raniment le feu en nous, des rituels parfois cocasses qui nous font sentir bien vivantes, des chansons qui font grimper les larmes, des observations étonnantes que l’on ne voyait plus avec nos yeux d’adultes, etc.
« Julian, mon fils ; Je t’écris ces quelques mots pour que tu saches combien je t’aime. J’ai eu du mal à réaliser que j’allais devenir mère un jour. J’ai eu du mal à concevoir que j’avais le droit d’être aimée par un homme comme ton père. Je veux que tu saches que derrière chaque temps de pluie, un soleil s’y dégage. Même dans les coups durs tu auras un sourire qui t’attendra, je te le promets. Je veux aussi que tu saches que tu as le droit de pleurer, de te confier, de demander de l'aide. Les amis, la famille seront là pour ça. Mon fils, n'écoute pas les personnes qui diront du mal de toi. Il faudra toujours te battre et garder confiance en toi. La vie est parfois difficile mais si toi tu es fort alors tout ira bien. Toujours. Choisis la route de la bienveillance et tu sauras toujours bien t'entourer. Mon amour, mon bébé. Tu es ma plus belle réussite, mon moi au masculin. L’amour de toute ma vie. »
Selon une étude, l'enfant qui vous énerve le plus serait celui qui vous ressemble le plus.
En réalité, ce qui vous agace ou dérange chez lui est souvent en rapport avec vous.
Finalement, il n'est que le reflet de vous-même.
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