4/ Laura

Publié le 10 janvier 2024 à 15:42

Quand les gens disent qu’ils sont malchanceux, c’est souvent pour insinuer que le sort leur a été défavorable et qu’il continuera à l’être, analyse Nicolas Gauvrit. Mais il faut arrêter de croire qu’il y a des gens condamnés à perdre ou faits pour gagner. Il peut y avoir des périodes ou l’on gagne beaucoup et d’autres, presque pas. Si l’on veut appeler ça chance ou malchance, on peut, mais il faut bien comprendre que ce n’est pas lié à la personne et que ce n’est pas écrit à l’avance.»

 

Souvenirs __Mon premier accident, en rollers. Je ne suis pas sur de l'âge, je dirais environ 6ans. Je me suis cassée deux doigts de la main droite. Mon deuxième accident à 10 ans en voyage scolaire au ski. J'ai glissé sur du verglas, et je me suis pris mon ski dans ma jambe, j'ai eu 5 points de suture. Vers 14/15 ans je me fais opérer des oreilles car j'avais des chéloïdes, ce sont des tumeurs fibroblastiques. Sans parler des dents de sagesse. Durant la même période, avec une amie on subit un déluge de grêle avec une inondation alors que nous étions à la fête foraine, nous sommes tombées dans un fossé et on a eu peur de se noyer toutes les deux. J'enchaîne à 18 ans un accident de scooter, je me casse deux doigts de la main gauche, des brûlures sur la poitrine et une cicatrice au genou qui m'a offert un mois en béquilles. A 20 ans je me fais opérer d'un kyste ovarien de 8cm de diamètre par célioscopie. A 21 ans j'ai eu deux accidents de voiture. Le premier on me coupe la route alors que je roulais à 90km/h, brûlures à la poitrine, des côtes enfoncées, mâchoire légèrement décalée et minerve pendant plusieurs semaines. Le deuxième avec une amie, on rencontre une famille de sanglier, on perd le contrôle de la voiture et on finit dans un ravin. A 28 ans, le troisième, avec une voiture de location. Je passerai les détails des galères vécues en parallèle. Je ne sais pas si je suis maladroite ou malchanceuse, mais j'ai toujours su relever chaque obstacle avec de la colère, de la tristesse et un fort sentiment d'injustice. Je garde en tête la finalité positive, en me disant que rien n'est grave, et que je suis prête à tout affronter grâce à l'amour de mes proches, et aux étoiles qui veillent sur moi. -

Partie III

Petite Laura devenue grande...

Arrive le lycée, j’y perds un peu mes repères, je ne connais personne. Ma mère fait son maximum pour me trouver une école mais on ne me met pas où je veux car je sortais d’une année de BEP et que je n'étais pas prioritaire. Je prenais le bus, je me suis fait des potes, mais je détestais ce nouvel environnement trop péteux, trop bourgeois. Je ne me sentais pas à ma place. Première année de lycée, premier amour qui se termine au bout de quelques mois à cause de l’armée. Deuxième année, j’ai eu un accident de scooter. J'ai commencé l'année avec des béquilles et une atèle. J'ai vécu  ma deuxième histoire d'amour, que je quitte sans raison valable au bout d’un an car je n’arrivais ni à gérer mes émotions, ni mes sentiments. Je sortais de plus en plus, j'avais pleins de groupes d'amis, j'organisais régulièrement des soirées. J'avais ce besoin d'être constamment entouré. Mes notes, elles, n’étaient pas terribles. Un BAC avec 10 de moyenne. Je n'avais aucune idée de la direction que prendrait mon avenir. Je languissais qu'une chose. Partir du lycée.

Me voilà en 2011 j’obtiens mon BAC Economique et Social et je file en BTS Economie Sociale et Familiale. Je crois que je veux devenir Assistante Sociale. Je rencontre ma nouvelle amie, Julie. Un véritable coup de cœur, celle que je rêve de devenir en secret. Elle vit dans une famille unie, elle a confiance en elle, elle est belle. Grâce à elle, j’ai commencé à m’ouvrir de plus en plus, à parler, à changer. C’est durant ce BTS que j’ai renoué avec ma famille au sens large. Je deviens officiellement Marraine et mes priorités changent. C’est seulement à ce moment-là que j’ai appris à recevoir de l’amour, et surtout à apprendre en donner. J’ai appris à canaliser ma colère, à m’attendrir et surtout à découvrir une nouvelle version de moi. J’étais une femme un peu perdue, un peu maladroite mais je me trouvais belle et forte. Mes études m’ont permis d’ouvrir les yeux sur la psychologie, les addictions. J’ai analysé pendant deux années que ce que je vivais à la maison n’était pas de ma faute. Mon éducation avait des conséquences sur mes choix, sur mes actions mais pas sur ma détermination. J'ai compris que pour évoluer je devais changer tout ça. Je ne voulais plus être Assistante Sociale. Je voulais juste me sauver et être indépendante ! Avec les hommes, j'ai développé le syndrome de l’infirmière. J'étais attirée par des personnes dures, qui me faisaient souffrir. Je pensais avoir les épaules de changer les gens, de changer le monde mais, j'étais complètement instable. Je devenais adulte alors que je n’étais pas prête, dans mon âme j'étais encore une enfant en manque de confiance. Amicalement j'avais ce besoin d'aider les autres. Les problèmes qui ne m'appartenaient pas, devenaient mes problèmes et je me devais de trouver des solutions. J'ai toujours eu l'impression qu'en aidant les gens, je me sens utile et je me guérie de cette manière là.  -J'y travaille dessus encore aujourd'hui.-

Les relations avec ma mère étaient conflictuelles. Je passais mon temps à m'embrouiller avec elle ou son mec qui me foutait parfois dehors. Elle était partagée entre l'envie de guérir et l'envie de se détruire. J'ai longtemps pensé à la bipolarité, mais c'était la dépressionLa dépression est un trouble mental courant, une maladie psychologique qui prend les commandes de ton quotidien. On estime que 5 % des adultes en souffrent dans le monde. Elle se caractérise par une tristesse persistante et un manque d'intérêt ou de plaisir pour des activités auparavant enrichissantes ou agréables. On parle de 5%, mais je pense que depuis la Covid les taux ont réellement augmentés. Certains le nient, d'autres l'affrontent. C'est difficile à comprendre, difficile à percevoir, mais il faut en parler. Ma mère le problème c'est qu'elle mélangeait les médicaments et l'alcool. Elle disait que non, mais ses yeux la trahissaient, à chaque fois. Elle faisait des conneries parfois nous insultait, nous harcelait au téléphone, puis, soit elle oubliait, soit elle s'excusait le lendemain. C'était très difficile à gérer de plus, qu'elle était suivie par des professionnels de santé. J'aimais ma mère, mais je n'avais pas les clés pour l'aider. Je savais que pour s'en sortir, elle devait avoir le déclic toute seule. Si je restais je me détruisais encore, si je partais j'avais l'espoir qu'elle s'en sorte. C'est à ce moment que j'ai repensé à la Juge pour la première fois. Quand elle m'a demandé où je voulais vivre, j'ai répondu que je voulais rester avec ma mère. J'avais peur qu'elle m'abandonne. Mais, une fois adulte j'ai compris que les rôles s'étaient inversés. C'est elle qui avait peur que je parte. C'est elle qui avait besoin de moi et qui ne voulait pas que je l'abandonne.

C’est en 2013 avec un BTS en poche, une énième séparation avec mon ex, un accident de voiture et la première tentative de suicide de ma mère que j’ai décidé de partir. Mes intuitions me rendaient malades. Si je les écoutais, j’évitais le danger, si je les ignorais je culpabilisais. Je n'en pouvais plus, je devais m'éloigner de tout ça. Je n'étais pas moi-même, et mon corps devenait malade. J'ai commencé à développer le syndrome du colon irritable, et autant vous dire que c'est la vrai merde… J'étais fatiguée d'enchaîner les galères, j'avais besoin de douceur. Je suis donc retournée vivre chez mon père. J'ai commencé à chercher du travail un peu partout (social pas d'expérience donc, le commerce). Je me suis achetée une nouvelle voiture (que j'ai encore cassé avec un deuxième accident avec l'une de mes meilleures amies le 31 décembre 2013). J'étais tellement dégoutée de cette année 2013, il était temps qu'elle se stoppe !

Me voilà en 2014, j'enchaînais les petits boulots, j'ai trouvé un appartement, une nouvelle voiture, je me suis inscrite au sport et je me suis remise avec mon ex pour la dernière fois. Plus je devenais accroc plus il devenait salop. Il me disait qu’il n’avait pas l’habitude qu’une fille soit si gentille, généreuse, sociable… Et en même il voulait tout changer chez moi. Je n’étais pas assez sportive, pas assez féminine, pas assez folle. Puis il m’a quitté, une fois, deux fois, trois fois, trop de fois mais je l'excusais, toutes les fois. Plus j’avançais, moins j’avais confiance en lui, en moi. 2014 était censé être l'année du changement, de la positivité. C'était le cas, avant d'être larguée encore une fois. Une histoire qui a duré deux années. C' était une réelle perte de temps. Je suis tombée si bas que j’ai fait une grosse déprime. J’ai perdu beaucoup de poids, j’ai teint mes cheveux en blond, je pleurais beaucoup. Mes amis, ma famille ne m'ont pas lâché. Ils m'ont sauvé sans le savoir en proposant des sorties régulièrement. C'est à ce moment là que je suis allée voir une voyante, puis un psychologue. Je ne voulais plus attirer ce type de personne. Je ne voulais plus souffrir. J'en avais marre d'aimanter le négatif. Il était temps que je reprenne les reines de ma vie. Il était temps de vivre pour l'avenir et d'oublier les blessures du passé ! Il était temps de penser à moi et d'en faire mon unique priorité ! Suite à cette thérapie, j’ai pris le temps qu’il fallait pour aller mieux, pour envoyer les meilleurs signaux de ma personne. Et, c’est une année plus tard que je rencontre mon conjoint, Maxime. -La voyante avait raison sur toute la ligne-. Il est arrivé dans un moment ou j'étais au top de ma forme. Et c'est quand il m'a invité pour la première fois que j'ai compris que ce serait lui, l'Homme de ma vie.

Notre histoire a commencé officiellement le 11 décembre 2015 pour mon plus grand bonheur.

 

" Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. " - Paul Éluard -

Sensible.

La tentative de Suicide est un appel à l'aide. Je ne souhaite pas détailler ce passage difficile que j'ai du vivre à plusieurs reprises pour maman. La TS* ou le S*, ce n’est de la faute de personne. Une personne se trouve en souffrance, n'a pas la solution et passe donc à l'acte. Les sentiments sont irrationnels. Rien, n'y personne ne peut changer cela. Les enfants ont besoin de temps pour composer avec le traumatisme causé par le S* et pour éprouver à nouveau un sentiment de confiance à l’égard des personnes qui leur sont chères et du monde qu’ils croyaient sûr et sans danger. La meilleure chose que l'on puisse faire pour se sentir mieux, c’est de parler et d’exprimer ses sentiments. Peu importe la manière. Tout cela est acceptable. On a connu plusieurs années de souffrance et d'aller retour en hôpital ou en centre de repos. Des mois de doute et d'incompréhension. Aujourd'hui en 2024 ma mère ne boit plus depuis plus d'un an, et je pense que mes grossesses ont participé à cette stabilité. Notre relation n'est pas facile. C'est un apprentissage au quotidien. Elle a quand même su être là quand j'allais mal, maladroitement présente. Certains préfèrent couper les ponts avec leur parent, moi j'ai préféré pardonner. Pardonner ce n'est pas accepter, ce n'est pas oublier. Pardonner c'est reprendre le contrôle de notre vie pour avancer. Pardonner c'est reconnaître que le parent a fait de son mieux. Tant qu'on ne pardonne pas on est en colère. La colère te ronge. La colère te bouffe. Et moi j'ai décidé d'être heureuse

 

Prenons soin de nous. Arrêtons de repousser les choses au lendemain. Demain c'est loin ! Demain c'est trop tard !

Profitons de la vie, profitons de chaque jour !  Soyez vous même ! Soyez heureux ! Sans regrets !

Si tu te sens mal, n'hésites pas à consulter un ou plusieurs spécialistes.

"La force est du côté de celui qui demande de l'aide pour s'en sortir."

Idées noires/Dépression :

SOS Amitié 09 72 39 40 50 

<< Poser des mots sur des maux, c'est la voie de la guérison...>>

Évaluation: 4.5 étoiles
16 votes

Ajouter un commentaire

Commentaires

Jocelyne Fernandez
il y a un an

Ma chérie tu es très forte, tu es une personne attentionnée, gentille un❤️énorme. T’es parents peuvent être fières de leur fille. Tu a réussi à tout les défis que tu t’es lancé et tu es une merveilleuse maman. Avec les amours de ta vie je vous souhaite que du bonheur.

Laura
il y a un an

Merci beaucoup pour ce beau message ma Tatie ♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡

Audrey FERNANDEZ
il y a un an

Ma lolotte, ma filleule, ma cousine, marraine de mon lolo. Tu es une cousine formidable, une amie inestimable, une tatie aimante et deconneuse. Tu es devenue une femme et une maman fantastique. On t'aime. Crois en toi, nous on a jamais cessé d'y croire...

Laura
il y a un an

Je vous aime fort. Merci d'avoir toujours été là ♡