8/ Fragile

Publié le 29 février 2024 à 21:22

" Je t'ai donné la vie, mais toi tu as donné un sens à la mienne. "

Chaque bébé naît d'une grossesse et d'un accouchement unique. Je suis tombée enceinte deux fois et je n'y ai trouvé aucune similitude. La grossesse de ma fille fût tellement difficile que ce soit physiquement ou psychologiquement. 9 mois après sa naissance, je dois encore me battre pour guérir. Elle m'a chamboulé et m'a complètement transformé. On dit toujours que rien n'arrive par hasard, alors il était peut être tant d'écouter mon corps, mon cœur et de faire de ma santé mon unique priorité.

-------------------------------------------------------------------

Lorsque j'ai annoncé ma grossesse ce fût la surprise la plus inattendue et la plus belle. Maxime était heureux et moi encore plus. Je rêvais d'avoir une fille et j'étais persuadée que le bébé que je portais serait une fille. Mon début de grossesse était nauséeux, migraineux et mes intestins  fragilisés. Mon gastro-entérologue m'a confirmé que mon intestin irritable me jouait des tours avec les hormones, mais que ça irait au deuxième trimestre. Il m'a conseillé de bien dormir, de limiter le lactose et surtout de manger le plus équilibré possible. Une meilleure hygiène de vie pour une meilleure santé. 

Le 4 novembre 2022 j'avais rendez-vous pour ma T1. Lors de ma pesée, ma sage-femme me fait remarquer que j'ai déjà perdu plusieurs kilos. Elle me dit que j'ai besoin de repos et que je semble fragile autant physiquement que psychologiquement. Elle me dit qu'il vaudrait mieux que je m'arrête un peu. Je refuse. J'étais qu'à 3 mois de grossesse et je ne voulais pas planter un arrêt. Au travail c'était compliqué, nous avons beaucoup de départ à la retraite dont ma chef, donc je ne voulais pas lâcher mes collègues. Je savais qu'en Décembre j'aurai une semaine de vacances, donc je me dis que je me reposerai et ça ira mieux à mon retour en Janvier. Rapidement je prends conscience que Noël c'est tout sauf reposant, et que mon moral ne cesse de réduire. Je continue d'être malade, j'ai du mal à m'alimenter. Tout comme une voiture sans essence, je n'avance plus. Je préviens mes nouvelles chefs de mon état, mais je me rends vite compte que leur objectif premier est de nous sortir la tête de l'eau sans se rendre compte de l'état de fatigue général du service. Mes collègues me voient faire les allés/retours aux toilettes, mon visage est pâle. J'étais complètement affaiblie mais je refusais catégoriquement d'écouter mon corps. Je pensais avoir le contrôle de la situation. Je pensais pouvoir gérer encore et toujours. A 4 mois et demi, je suis à moins 6 kilos. J'ai régulièrement des vertiges, des bouffées de chaleurs, des insomnies et c'est le 17 Janvier 2023 que je ferai ma première crise d'angoisse au travail. Je m'effondre. Je perds mon voile. Ma sage femme m'arrête sans me laisser de choix. Mon état ne me permettait plus d'aller au Teil. Je devais l'accepter. Je devais me reposer. J'étais constamment partagée entre le fait de devoir me battre et le fait de me laisser complètement aller. A ce moment là je voulais juste qu'on prenne soin de moi pour que je puisse lâcher prise. Je disais "oui" pour dire "non" et inversement. J'aurais tellement voulu qu'on écoute seulement mes gestes et non pas ma voix qui disait le contraire. 

J'étais épuisée à l'intérieur et je gardais la face à l'extérieur car je devais continuer à gérer mon quotidien, mon fils. Lui qui me voyait malade et il me câlinait chaque fois. Il m'attendait derrière la porte dès que j'allais aux toilettes, il se réveillait la nuit pour me rejoindre dans mon lit, il m'apportait une couverture lorsque je m'allongeais et me prêtait son doudou quand j'étais triste. Mon fils, mon soutien. Mon incroyable soutien. Le 20 janvier, je fais mon écho T2. L'échographe écrit le sexe sur une feuille, Zoé Confetti s'occupe de nous préparer un ballon surprise, et c'est le lendemain, entourés de nos proches que nous découvrirons le sexe de notre poupée. Le bonheur était à son comble ! Nous avons tant rêvé d'avoir une princesse pour agrandir notre famille. Le choix du roi pour notre plus grand bonheur. Comme je le dis souvent, rien arrive jamais par hasard. Avoir une fille, ferait forcément écho à ma propre histoire. Je pensais être prête à vivre cette histoire avec elle. Mon corps lui, en a profité pour ressortir toutes mes failles, mes blessures que je n'ai jamais pris le temps de soigner complètement. J'étais tellement heureuse de porter la vie, pourquoi mon corps me faisait vivre ces maux ? J'ai longtemps été suivi, mais je n'ai jamais pris le temps de pardonner. Pardonner aux gens qui m'ont fait du mal, et surtout, me pardonner d'avoir été celle que j'étais, celle que je suis et celle que je serais. 

Ma sage femme me suivait de près. Je ne devais pas perdre un kilo supplémentaire. J'ai donc été fortement accompagnée : Kinésiologue, Psychologue,  Ostéopathe, Yoga, Accompagnement Médico-Social à l'Hôpital. Deux facettes de moi que je ne maîtrisais plus se faisaient la guerre ! Je sentais que ma vie était entrain de changer et que rien ne serait plus jamais comme avant. Cette grossesse était un véritable cataclysme. Si je continuais à faire passer les besoins des autres avant les miens, mon état se dégraderait encore ! Notre couple se cachait dans le silence, des amitiés étaient sur le point de se briser, un drame familiale s'ajoutait à notre peine. On se préparait à vivre une naissance dans une période sombre. Rien n'allait plus et pourtant. Le deuxième grand miracle de ma vie était sur le point d'arriver au monde ! Je devais être prête à l'accueillir avec le plus bel amour qu'il soit ! Peu importe la fatigue, la douleur, les angoisses, j'étais là, à puiser dans mes dernières forces pour elle.

C'est donc le 25 mai 2023 que j'accoucherai de ma jolie Louna. Un accouchement rapide et magique. 12h32. 3kg720. Jour du terme. Un petit gémeaux qui viendra recoller tous les morceaux de mon âme ! Un petit clown, un bébé sourire rempli d'amour et de bienveillance. J'étais la plus heureuse du monde. Je voulais rester dans cette bulle, à la maternité et ne plus en sortir. Je voulais que monde s'arrête pour vivre cet instant précis encore et encore ! Je me sentais si bien. Loin du stress, loin des angoisses, loin des problèmes digestifs, loin des douleurs. Je ne voulais qu'elle, je respirais qu'à travers elle. Je voulais juste que le temps se paralyse à tout jamais. Je savais que dehors des âmes pleuraient et je ne me sentais pas prête à les affronter. Je culpabilisais de mon bonheur et donc je ne voulais pas qu'on me sache épanouie. Comme nombreux moments de joie, je me suis encore punie. J'ai du mal à dissocier ma vie de celle des autres. Quand quelqu'un se sent mal, je me sens mal. Je vis les émotions des autres comme mes propres émotions. 

Arrive le fameux post-partum. Les hormones chutent, et moi avec elles. Je souffrais, j'étais mal, j'angoissais de nouveau, et ça devenait chronique. Je me sentais terriblement isolée. Personne n'imaginait une seule seconde ce que je ressentais à ce moment là. Une partie de moi que je ne connaissais pas. La déprime la plus totale. Je continuais de me battre entre ces deux parties de moi. Celle qui tenait devant les autres, et celle qui pleurait en silence. Comme chaque fois, je ne me suis pas laissée tomber. Je voulais être la meilleure Maman pour mes deux Anges et je me suis tournée vers une psychanalyste sexologue. C'est elle qui m'a expliqué que le corps ne pouvait plus stocker et qu'il avait besoin de lâcher prise. Je devais m'accepter, m'autoriser à vivre pour tenter de soigner mon deuxième cerveau. L'intestin, la capitale des émotions. Un dérèglement hormonal chamboule l'état général d'une personne, mais avec du temps tout finit par reprendre place.

Je me bats chaque jour pour être la meilleure version de moi même. Je suis altruiste, bienveillante. J'essaie d'être une bonne Maman, une bonne Femme, une bonne Fille, une bonne Sœur, une bonne Marraine, une bonne Amie, une bonne Collègue, une bonne Citoyenne et pourtant, j'ai l'impression de ne jamais être à la hauteur. Je me suis toujours adaptée aux autres sans me prendre en considération. J'ai laissé la peur de l'abandon prendre sa place, toute LA place. Bizarrement ce n'était pas juste de décevoir mes proches qui m'angoissait, c'était de décevoir tout le monde et surtout, moi-même !

Aout 2023. L'une de mes amies m'envoie le compte TikTok d'une personne qui vit avec le colon irritable et des troubles anxieux. Et là je comprends qu'on est nombreux et encore plus que ce que je pensais ! J'écoute chaque conseil, chaque vidéo. Je scrolle d'autres comptes, d'autres influenceurs. Je lis chaque page, chaque commentaire. Je ne me sens plus seule du tout. Elle parle de naturopathie. Je cherche sur google et j'en trouve une proche de chez moi. Elle est pharmacienne et naturopathe. Ses avis sont très bons. C'est elle qu'il me faut ! J'envoie un mail de désespoir, un roman, j'explique tout. Mon dernier espoir avant la résignation. Elle me répond et me donne un rendez-vous en urgence. J'y vais. Je rentre avec les larmes, je sors avec le sourire aux lèvres. Je me suis enfin sentie comprise, entendue, rassurée. Elle m'explique la maladie, le processus. Tout. Elle me donne diverses solutions; régime anti-inflammatoire, traitement perméabilisant, massage, d'huiles, plantes, Fodmap. Je suis remotivée et en même temps, je ne comprends pas qu'en dix années, personne ne m'ait apporté ces réponses là ! Je sais qu'il faudra du temps, des mois. Je sais que ma façon de manger va complètement changer, mais moi aussi. Je veux me retrouver, ou plutôt, me TROUVER tout simplement. Quelques semaines après, je décide donc de publier un article sur mon Instagram qui parle du Colon irritable. Je commence à lever certains tabous. Je comprends que la parole est le plus gros médicament à notre portée. Si on veut guérir, il faut parler. Comme je dis souvent, les maux sont le reflets de nos mots mis sous silence! J'ai donc changé de psychologue, en effet après des mois thérapie sur ma vie, mon passé, mon histoire, j'avais besoin de trouver une personne spécialiste dans les angoisses.

Vous l'aurez donc compris, c'est ce jour où j'ai décidé de laisser la nouvelle Laura prendre sa place. J'ai compris que pour avancer on devait former plus qu'un. Je devais arrêter de me faire la guerre et je devais accepter ces changements. "Vous ne vous êtes jamais dit que ce qui 'était entrain de vous arrivez serait peut-être bénéfique pour vous ? Il est peut-être temps d'écouter son corps et d'arrêter de se mentir ? Il est peut-être temps d'oser dire non ? Peut-être que si vous êtes malade c'est une façon de vous imposer des limites que vous ne vous imposez pas vous même." Fanny avait vu juste. Elle m'a demandé d'écrire mes émotions, mes sentiments, mes angoisses et toutes ces choses qui me font du mal pour y trouver le point commun. Le point commun c'est cette peur d'assumer qui je suis. Cette peur de décevoir les autres, de ne pas rentrer dans les cases. Cette peur consciente et incessante du jugement. Enfaite, clairement mes angoisses sont inévitablement le résultat de tout ce que je tente de contrôler depuis des années. 

 

Je n'en veux pas à ceux qui n'ont pas mesuré la grandeur de mon mal-être, en revanche je remercie Dieu chaque jour pour ceux qui ne m'ont pas lâché une seule seconde. A tout ceux qui ont su m'entendre, me réconforter, me comprendre. J'ai pu confirmer mes amitiés, alléger mes peines. Je me suis rendu compte que le tri n'était pas anodin. Il était nécessaire que j'ouvre les yeux et que je fasse de ma vie mon unique priorité. 

 

"Louna, ma puce. Ton sourire m'aide à déplacer les montagnes. Quelqu'un m'a dit que je devais absorber ton énergie positive. Elle m'a dit que pour y arriver je devais m'y autoriser. Cette phrase raisonne en moi chaque jour. J'ai compris que j'avais le droit d'être heureuse. Ca fait des années que je me bâts pour être la meilleure version de moi même, mais, c'est lorsque nos regards se sont croisés que j'ai compris. J'ai compris que la meilleure version de moi, c'était toi. Je t'aime."

POUR VOYAGER UN PEU CLIQUE ICI !!  Voyage

Si tu as lu et aimé mon article, mets des petites  étoiles !

Évaluation: 5 étoiles
8 votes

Si toi aussi tu veux partager ton histoire, n'hésites pas à mettre des commentaires !

Merci à tous de me lire chaque semaine !

Je vais mieux grâce à vous tous !

Laura

Ajouter un commentaire

Commentaires

Lettmann adeline
il y a un an

Je n’avais pas encore pris le temps de te lire, je commence dans le désordre mais tes mots sont très touchants, j’ai eu une petite larme 🥲 bravo pour ce blog c’est pas facile de se livrer ainsi mais tu le fais très bien !

Laura
il y a un an

Oh merci Adeline pour ce joli commentaire. Si tu veux tu peux lire par date de publications. Belle journée et merci encore 🥰

Sandy
il y a un an

Tes textes sont tellement puissants. Tu connais ma sensibilité et tu me fais souvent verser une petite larme. Je suis fière de toi, de la femme et de la maman que tu es. Continues dans cette lancée. Bravo pour tout ce que tu as le courage d'entreprendre 🩷

Laura
il y a un an

Ma Sandy d'amour ! ♡♡♡♡

Créez votre propre site internet avec Webador